Dès lors, comment ne pas y croire ? Le 23 juin, Bardella, aussi président du parti et promis pour Matignon, évoque dans la presse son futur gouvernement. Le lendemain, il disserte sur sa vision de la cohabitation, comme sa patronne la donnera deux jours plus tard, après consultation de constitutionnalistes. Les cerveaux lepénistes cogitent aussi sur leur stratégie dans le cas où ils n’obtiendraient qu’une majorité relative. Et les résultats du premier tour les confortent : avec 33,14% des voix, le mouvement à la flamme peut sereinement espérer faire élire plus de 289 députés.

Mais le “front républicain” se réactive dans l’entre-deux-tours, entraînant plus de 200 désistements de candidats poussés par leur état-major pour empêcher une victoire du RN dans leur circo. Les casseroles conspirationnistes, racistes, antisémites, climatosceptiques des “brebis galeuses” du RN, regrettées par leur patron himself, comme les errements programmatiques de celui-ci, n’arrangent rien : c’est l’union de la gauche qui arrive finalement en tête. La douche du 7 juillet au soir est glacée pour le RN, bien que les effectifs du groupe à l’Assemblée nationale croissent d’un bon tiers.

Retour à l’ostracisation, au moins le temps pour les autres partis de se partager les postes à responsabilité du Palais-Bourbon. Un an plus tard, les responsables du RN jurent être prêts à repartir en campagne s’il le faut, et avoir tiré les leçons de ces ratés.

2) Eric Ciotti, le capitaine finit sur un radeau

Souvenez-vous de ce jité du 11 juin 2024, où, à la stupéfaction générale, Eric Ciotti, alors encore président des Républicains, annonce avoir passé un accord avec le RN. Pariant sur la victoire du parti lepéniste (et sans plus d’espoir d’obtenir un maroquin d’Emmanuel Macron), le député des Alpes-Maritimes se voit déjà ministre d’un gouvernement Bardella.

Sauf que les négociations ont été tenues tellement secrètes que les députés sortants, qu’il pensait embarquer avec lui, se cabrent très vite. Et que Ciotti ne peut plus compter que sur ses nouveaux amis pour parvenir à investir des candidats dans les 70 circonscriptions que lui laissent les lepénistes.

La suite tourne au vaudeville : Annie Genevard, secrétaire générale du parti, demande toutes affaires cessantes un bureau politique pour pousser son chef à faire ses cartons ; le siège des LR est fermé à double tour sur ordre de Ciotti, désormais exclu, puis rouvert par Genevard ; de multiples recours sont déposés contre une éviction définitive du même Ciotti qui n’en finira plus d’être reportée.

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