“J’ai découvert des personnalités politiques qui ont su me parler et me faire comprendre leur passion”, confie de son côté l’influenceuse. Sandrine Rousseau et l’ex-députée macroniste Laetitia Avia l’avaient notamment soutenue publiquement au moment du procès qui l’avait opposée à plusieurs de ses cyberharceleurs, et avait abouti à des condamnations fermes, en mars 2024. 

“Je l’ai rencontrée au moment de la campagne présidentielle, lorsqu’elle cherchait à rendre la vie des élus plus accessible aux Français. Elle a du ressort, nous avons organisé une interview au pied levé” sur le numérique, se souvient Laetitia Avia auprès de POLITICO. 

Magali Berdah a également cultivé ses liens avec l’ex-secrétaire d’Etat chargée de l’Egalité femmes-hommes, Marlène Schiappa, et tenté de promouvoir auprès du parti Renaissance l’idée d’un ministère des Réseaux sociaux. “Elle a fait une campagne pour être cette ministre et être la personne qui incarnerait le secteur de l’influence au niveau politique”, relate à POLITICO Philippe Moreau-Chevrolet, communicant et professeur à Sciences Po Paris, qui a interviewé Berdah pour Stratégies en 2022.

Un rôle hybride

Ce dernier ne doute pas qu’elle retentera une carrière politique à un moment ou un autre, sans présager de son camp politique. Pour l’enseignant, cela pourrait être “au sein de Renaissance ou dans l’entourage de Jordan Bardella, qui a la même maîtrise qu’elle des réseaux sociaux”. De son côté, Laetitia Avia perçoit la démarche de Magali Berdah comme une manière logique “de redevenir la papesse des influenceurs, celle par qui les informations passent”.

Un rôle hybride qui a le don de faire grincer des dents les journalistes, qui voient l’entrepreneuse tourner des heures dans les couloirs de l’Assemblée avec des élus beaucoup moins enclins à répondre à leur question.

“Son aura repose sur son statut situé entre influenceur et personnalité proche des politiques, qui n’est pas sans rappeler une personne comme Cyril Hanouna pour qui elle a été chroniqueuse”, note Philippe Moreau-Chevrolet. Et de conclure : “Cela permet aux députés de transformer la politique en divertissement auprès du grand public et ce, sans avoir de contradicteurs réels”, à la façon des “jinfluencers” (contraction de “journalist” et “influencer”) aux Etats-Unis, prisés du gouvernement Trump pour couvrir l’actualité à la place des journalistes.

Magali Berdah ne s’y est pas trompée : elle a lancé cette semaine un talk-show en ligne, Bienvenue chez Madame Berdah, reprenant les codes de l’émission Touche pas à mon poste animée par Cyril Hanouna — vouée à disparaître des ondes le 28 février avec la fermeture de C8.

Une capacité à jouer sur tous les tableaux pour mieux reprendre le contrôle du game de l’influence, après sa traversée du désert.

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