Peut-on arrêter Trump ?
Pour la première fois, Trump invoque les pouvoirs d’urgence prévus par l’International Emergency Economic Powers Act (IEEPA) de 1977, qui n’a été utilisé jusqu’à présent que par Joe Biden pour imposer des sanctions à la Russie à cause de la guerre en Ukraine.
L’IEEPA n’a pas encore été mobilisé pour justifier des droits de douane, et il est possible que les entreprises qui en subissent un préjudice financier intentent une action en justice. Il est toutefois peu probable qu’un juge émette une injonction immédiate contre les droits de douane. Tout litige risquerait probablement de s’éterniser.
Le Congrès américain pourrait également avoir le pouvoir de mettre un terme à la guerre commerciale de Trump. Outre la justification douteuse selon laquelle le fentanyl et l’immigration clandestine représentent une urgence économique, il y a également le fait que la large responsabilité en matière de politique commerciale que le législateur a déléguée au président — il l’a fait pour la première fois à Franklin D. Roosevelt en 1934 —, il peut la reprendre.
Mais, comme le Sénat et la Chambre des représentants sont contrôlés par les républicains, il faudrait qu’un fossé important se creuse sur le plan commercial pour l’arrêter dans son élan. Et cela semble peu probable à l’heure actuelle.
Il y a ensuite l’Organisation mondiale du commerce, l’OMC, créée il y a 30 ans pour jouer le rôle d’arbitre dans les différends commerciaux. Toutefois, elle n’est pas en mesure de remplir ce rôle, car Trump comme Biden ont tous deux bloqué la nomination des juges de son organe d’appel.
En résumé
Pour Trump, il n’y a pas de règles. C’est la loi de la jungle. Par conséquent, à moins d’une forte réaction politique ou judiciaire aux Etats-Unis contre sa guerre commerciale, il sera difficile de l’arrêter.
Mais il pourrait aussi simplement conclure un accord.
Cet article a d’abord été publié par POLITICO en anglais et a été édité en français par Jean-Christophe Catalon.