Plus de 13 millions de Syriens ont été déplacés de force par le conflit, dont 6,2 millions ont fui à l’étranger. La guerre a créé les conditions nécessaires à la montée en puissance du groupe djihadiste particulièrement barbare de l’Etat islamique.

La question de savoir si les Syriens ordinaires sont gagnants dépend de la suite des événements et de la capacité du pays à éviter de nouvelles violences et à se développer de manière pacifique. Certains craignent qu’il y ait une vacance du pouvoir et que les différentes factions politiques et groupes religieux du pays s’affrontent.

Il y a des raisons de s’inquiéter. Hayat Tahrir al-Sham (HTS), la principale faction d’insurgés, est considérée comme un groupe terroriste par les Etats-Unis. Son chef, Abou Mohammed al-Joulani, a un long passé de djihadiste et est un ancien allié de feu Abou Bakr al-Baghdadi, leader du groupe Etat islamique. Les deux hommes se sont finalement brouillés sur des questions de tactique et sont devenus des rivaux et des ennemis jurés.

HTS s’est séparé d’Al-Qaïda, mais al-Joulani a beaucoup fait pour redonner à son groupe, qui compte environ 30 000 combattants, l’image d’une force nationaliste, et a adopté un ton conciliant à l’égard des minorités religieuses de Syrie. Dans l’enclave d’Idlib, que HTS dirige depuis 2016, le groupe a adouci son attitude vis-à-vis des minorités chrétiennes et druzes. Lors de la prise d’Alep, al-Joulani a promis aux chrétiens qu’ils seraient en sécurité, et les églises de la ville ont pu fonctionner sans être inquiétées.

La question est de savoir si al-Joulani et HTS ont vraiment laissé derrière eux leurs racines extrémistes. Vendredi, le leader a assuré que son groupe avait évolué et que la reconstruction de la Syrie était désormais une priorité. “Hayat Tahrir al-Sham est à peine une partie de ce dialogue, et il peut se dissoudre à tout moment. Ce n’est pas une fin en soi, mais un moyen d’accomplir une tâche : affronter ce régime”, a-t-il détaillé à CNN.

L’espoir est que HTS se soit effectivement modéré, mais “faire confiance à al-Joulani et à HTS ressemble beaucoup à la célèbre boutade d’Oscar Wilde sur les seconds mariages, [comme] ‘le triomphe de l’espoir sur l’expérience’”, a averti l’ancien diplomate américain Alberto Fernandez.

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