La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, ainsi que ses deux commissaires chargés des enjeux climatiques, Wopke Hoekstra et Teresa Ribera, ont promis une proposition visant à réduire de 90% les émissions de gaz à effet de serre de l’UE d’ici à 2040. Mais de nombreux gouvernements européens s’y sont opposés.
Wopke Hoekstra a alors retardé la présentation de cette proposition afin d’étudier des options pour offrir une plus grande marge de manœuvre aux Etats membres. La semaine dernière, il leur a annoncé que le texte, désormais attendu pour le 2 juillet, leur permettrait d’utiliser des crédits carbone internationaux pour les aider à atteindre l’objectif fixé. L’Allemagne, la France et la Pologne font partie des pays qui soutiennent cette approche.
Les scientifiques ne l’entendent pas de cette oreille. “Le Conseil consultatif ne recommande pas l’utilisation de crédits carbone internationaux pour remplacer les réductions d’émissions domestiques en vue d’atteindre l’objectif de 2040”, écrivent-ils dans le rapport de 60 pages publié lundi.
Si l’UE choisit d’acheter des crédits carbone, ceux-ci doivent s’ajouter aux efforts intérieurs, et non les remplacer, insistent les scientifiques. “Vous pouvez le faire, mais vous ne devez pas le faire en relâchant les objectifs domestiques”, a insisté Ottmar Edenhofer.
Ce rapport constitue une intervention sans précédent de la part des scientifiques. Bien que le Conseil consultatif ne critique pas ouvertement la Commission ou les gouvernements nationaux, il n’a jamais commenté de la sorte un débat politique en cours.
Ses avis se sont avérés influents par le passé. En 2023, il a recommandé à l’UE de réduire d’ici à 2040 ses émissions de 90% à 95% par rapport à leur niveau de 1990, ce qui a servi de base à la recommandation initiale de la Commission l’année dernière.