La faute, aussi, à un excès de communication, qu’il assume : “Je communique comme si j’avais une ville d’un million !” nous a-t-il rétorqué, dans un haussement d’épaules, ce lundi 10 février, en nous recevant dans son bureau au rez-de-chaussée de la mairie de Saint-Ouen (53 000 habitants en 2022).

Certes, il ne parle jamais explicitement de la présidentielle, mais le sujet affleure régulièrement et comme par inadvertance, comme lorsqu’au détour d’un échange sur sa famille et sa vie privée, il glisse : “Ma femme, elle va pas s’occuper des Pièces jaunes.”

Chouchou des médias

Tout a commencé en avril dernier. Dans les prémices des Jeux de Paris, le New York Times dresse le portrait façon biopic à l’américaine du maire de la dixième ville de Seine-Saint-Denis, qui s’apprête à accueillir le village olympique. Entre les lignes, on y lit qu’avec son activisme, son ambition, il a rendu leur fierté à ses administrés. “Il y avait Los Angeles, Barcelone, Pékin, Londres, Sydney et maintenant il y a Saint-Ouen”, fanfaronne carrément Bouamrane. La traduction de l’article est rapidement postée sur le site de la mairie.

Début août, nos confrères allemands de Welt (quotidien du groupe Axel Springer, auquel appartient POLITICO) le présentent à leur tour comme “l’Obama de la Seine”, pas moins. Bouamrane, qui n’a pas manqué de signaler le papier sur ses comptes X ou Instagram, fait mine de garder la tête froide : “Le seul point commun que j’ai avec Barack Obama, c’est qu’il est gaucher”, balaye-t-il dans un sourire gourmand, le 2 septembre, sur le plateau de la matinale de Franceinfo.

Et la machine s’emballe. En France, cette fois. Alors que Bouamrane fait savoir qu’il lancera son mouvement politique au mois d’octobre, les uns après les autres, des articles décrivent l’édile sous un jour avantageux. Coutumier des punchlines en anglais, il est présenté comme “polyglotte” — il parlerait même latin, ce qui fait s’étouffer certains membres de son conseil municipal, qui, certes, l’ont souvent entendu utiliser la formule : “Dura lex, sed lex”.

Qu’importe. A 51 ans, avec ses costumes trois-pièces — sa signature —, sa belle gueule sans âge et son profil de selfmade man, Bouamrane a objectivement, pour la presse, tout du “bon client”. De parents immigrés marocains, il a grandi cité Cordon, à Saint-Ouen, dans un appartement “sans toilette, sans douche”, précise le New York Times.

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