La clé des alliances

La majorité sortante actuelle, emmenée par le PS, a en effet toujours refusé de s’associer aux mélenchonistes à Paris. Sur un plan stratégique, ce n’est pas sans risque, avec la nouvelle donne : “Qu’est-ce qui va se passer si LFI vire en tête dans les 18e, 19e et 20e arrondissements ?” interroge Jean-Yves Dormagen, président de Cluster 17, contacté par POLITICO. “Peuvent-ils accepter de fusionner les listes en étant derrière LFI ? S’ils ne le font pas, ils offriront le prétexte parfait à LFI pour se maintenir dans le 12e et le 14e, ce qui pourrait offrir la victoire à la droite dans ces arrondissements…”

En outre, les mélenchonistes restent forts même sans une participation importante des quartiers populaires, car leur électorat ne “se résume pas à une sociologie populaire”, souligne Dormagen. Le vote Insoumis est aussi issu des “classes moyennes, voire classes moyennes supérieures”, précise-t-il encore : “Ce qui fait la force de La France insoumise, c’est l’électorat bobo. Ce sont souvent des diplômés, très progressistes, sensibles au sujet de la Palestine ou à celui de l’écologie, demandeurs de rupture et en partie radicalisés par le fait que la ville est difficilement habitable par eux pour des raisons économiques.”

L’Ecologiste David Belliard, conscient de ce risque, plaide en faveur d’un rapprochement dès le premier tour, tout comme la secrétaire nationale du parti, Marine Tondelier (à l’inverse de l’ancien candidat à la présidentielle Yannick Jadot).

“La seule vraie question, c’est la division de la gauche”, résume le président de Cluster 17. Reste que le socle commun lui aussi peut souffrir de ses divisions, comme le montrait le sondage Elabe de la semaine dernière : le candidat Horizons Pierre-Yves Bournazel est à ce stade crédité de 8% d’intentions de vote, qu’il prend essentiellement à Rachida Dati, elle-même de plus en plus fragilisée du côté des militants Renaissance à cause du risque judiciaire qui pèse sur elle et de ses saillies récentes.

Reste un motif d’espoir pour la candidate putative du socle commun : Rachida Dati espère qu’un changement du mode de scrutin peut la faire gagner. C’est la raison pour laquelle elle soutient la réforme de la loi Paris-Lyon-Marseille, actuellement en pleine navette parlementaire, et à laquelle le Sénat, notamment, s’oppose — bien qu’à majorité LR.

L’affaire est loin d’être dans le sac, mais si celle-ci était adoptée et promulguée à temps pour les élections 2026, permettant aux Parisiens de voter directement pour les conseillers de leur mairie centrale (les détails de la proposition de loi sont ici), cela pourrait, pense-t-elle, lui être favorable, la notoriété des candidats jouant un rôle plus important. Et avec une bonne dynamique de campagne.

(*) Echantillon de 1 206 personnes, représentatif de la population résidente de Paris âgée de 18 ans et plus, dont 1 097 inscrits sur les listes électorales de Paris. Interrogation par internet du 6 juin au 16 juin 2025. La représentativité de l’échantillon a été assurée selon la méthode des quotas appliquée aux variables suivantes : sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle et arrondissements. Pour les questions d’intention de vote, seules les personnes inscrites sur les listes électorales de Paris et ayant l’intention d’aller voter sont prises en compte. Marge d’erreur comprise entre 1,3 et 3,5 points de pourcentage.

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