En matière d’IA militaire, les ambitions hexagonales sont élevées : le mois dernier, le ministre des Armées Sébastien Lecornu a indiqué qu’il souhaitait, dès cette année, positionner la France parmi les leaders mondiaux. En septembre, l’AMIAD recevra d’ailleurs un supercalculateur, décrit par Lecornu comme le plus puissant classifié en Europe.

Ce supercalculateur de défense a été commandé à Orange et Hewlett-Packard. Un duo franco-américain préféré au français Atos. Si la décision a suscité un certain émoi, la polémique a rapidement été désamorcée par Lecornu : l’offre concurrente d’Atos n’était pas non plus totalement souveraine, car l’entreprise française achète ses puces aux États-Unis.

Maîtriser les briques technologiques

L’autonomie de la France, et de l’Europe, dans le développement de l’IA est cependant limitée. Les processeurs graphiques de l’entreprise américaine Nvidia et son logiciel CUDA — qui sont essentiels pour permettre des performances informatiques élevées — dominent en effet le marché occidental.

“Sur cette couche, il y a une question de monopole international qui rend les choses compliquées”, souligne Bertrand Rondepierre, en faisant spécifiquement référence à l’entreprise américaine. Son agence étudie comment elle pourrait “descendre dans les couches” pour maîtriser davantage de briques technologiques : “Pas la partie cloud, car notre rôle n’est pas de faire du stockage de données, mais tout ce qui est lié au logiciel”, détaille-t-il.

L’AMIAD travaille également sur un partenariat avec la start-up française d’intelligence artificielle Mistral. “J’ai besoin d’avoir accès à des modèles de classe mondiale”, justifie-t-il. Et d’ajouter : “Le partenariat ne consiste pas seulement à donner de l’argent. C’est une logique de co-construction”. Mistral donne à l’AMIAD l’accès à la technologie, et l’agence donne à Mistral l’accès au ministère de la Défense. C’est une situation “gagnant-gagnant”.

Ce partenariat s’inscrit dans une tendance plus large qui voit plusieurs entreprises technologiques se rapprocher des ministères de la Défense ou des Armées. La semaine dernière, Google a ainsi renoncé à sa promesse de ne pas déployer l’IA dans le domaine de l’armement.

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