“Une période très difficile”
Deux semaines après la victoire électorale de Donald Trump, les pays participant aux négociations sur le climat de la COP29 en Azerbaïdjan n’ont pas réitéré leur engagement, pris il y a un an, d’abandonner le plus rapidement possible les énergies fossiles. Les responsables des négociations ont indiqué que le retour de Trump avait revigoré les partisans du pétrole, du gaz et du charbon, tels que l’Arabie saoudite, la Russie et la Chine, affaibli la confiance dans les promesses des Etats-Unis, et rendu plus difficile pour les nations vulnérables face au réchauffement climatique de tenir bon pour obtenir un meilleur accord.
“Les décisions sont de plus en plus difficiles à prendre, notamment parce que des pays comme l’Arabie saoudite se sentent de plus en plus menacés et ne se soucient pas vraiment de ce que le reste du monde pense d’eux”, commente un diplomate d’un pays d’Europe du Nord, dont l’anonymat a été préservé parce qu’il n’était pas autorisé à s’exprimer publiquement. “Nous perdrons donc un partenaire diplomatique important mais, même avec ce partenaire, la période allait de toute façon être très difficile pour nous.”
Le retrait des Etats-Unis alimente la réticence, déjà croissante, parmi les gouvernements normalement considérés comme des leaders en matière de climat à réduire à la fois l’utilisation des énergies fossiles, et les profits des entreprises et des pays qui les produisent, poursuit le diplomate. Dans le même temps, les engagements en faveur du climat s’effritent chez certains gouvernements occidentaux qui ont adopté des politiques énergétiques vertes, avant de voir leurs électeurs basculer à droite sur le plan politique.
Certains responsables européens et britanniques craignent également qu’une guerre commerciale plus large n’entrave la transition écologique et ne nuise à la croissance économique.
“Si vous demandez quelle est la partie du monde la plus déterminée sur le climat : c’est l’Europe. Et l’Europe est aussi limitée dans le fait d’orienter toujours plus ses politiques en fonction des impératifs climatiques — et je pense que nous nous heurtons à cette limite en ce moment”, estime George David Banks, qui a dirigé la diplomatie climatique internationale lors du premier mandat de Trump.
Pourtant, le refrain de la COP29 était que l’Accord de Paris ne s’effondrerait pas si les Etats-Unis s’en retiraient. L’Argentine, dont le président, Javier Milei, est un admirateur de Trump, envisage de quitter l’accord, mais de nombreux autres pays ont promis d’y rester et ont exhorté les Etats-Unis à faire de même.