Il est connu comme l’homme à appeler pour faire avancer les choses à Bruxelles. Il s’appuie sur les chefs de parti pour exercer son influence sur le Parlement européen. Et il manage la Commission européenne, une institution de 32 000 employés, comme une extension de son cerveau, surveillant tout, des messages sur les réseaux sociaux aux nominations des cadres intermédiaires.
Bjoern Seibert, bras droit de la présidente de la Commission Ursula von der Leyen, est en coulisses l’ultime intermédiaire du pouvoir à Bruxelles.
Vous n’aviez jamais entendu parler de lui ? C’est exactement ce qu’il veut.
Aux côtés de von der Leyen depuis une dizaine d’années, cet homme de 45 ans à la voix douce s’est forgé une réputation de travailleur infatigable, de stratège politique astucieux et de personne impitoyablement efficace qui tient ses promesses.
Pour les hauts responsables à Paris, Berlin et Washington, c’est un rêve qui devient réalité. Ils ont enfin quelqu’un qui peut décrocher le téléphone et agir, un atout considérable à une époque où l’Europe est secouée par des crises.
“Il est incroyablement influent”, atteste Phil Gordon, ancien conseiller à la sécurité nationale de Kamala Harris lorsqu’elle était vice-présidente des Etats-Unis. “Personne n’était perçu comme comprenant mieux l’UE et la manière de faire avancer les choses.”
D’autres s’accordent à dire que Bjoern Seibert est “très intelligent” et qu’il est “un penseur stratégique”.
“Il est de loin le responsable public le plus puissant de Bruxelles”, tranche Mujtaba Rahman, responsable de l’Europe au sein du think tank Eurasia Group.
Un adjudant surpuissant
Plus à l’aise dans les coulisses que sous le feu des projecteurs, Bjoern Seibert est très discret. Il est marié, a deux enfants et travaille de très longues heures. Et c’est à peu près tout.
Mais alors qu’il entame son second mandat de cinq ans en tant que chef de cabinet d’Ursula von der Leyen, l’Allemand — parfois qualifié de “coprésident” officieux de la Commission — doit faire face à des critiques croissantes de la part de ceux qui estiment que son pouvoir est devenu trop grand.
Dans une interview accordée à POLITICO début juin, l’ancien négociateur de l’UE pour le Brexit, Michel Barnier, a déploré ce qu’il a appelé une “dérive autoritaire” à Bruxelles sous la direction d’Ursula von der Leyen et de son “puissant chef de cabinet”. Cela fait écho à ce que six employés actuels et anciens de la Commission ont relaté à POLITICO, à savoir que l’insistance de Bjoern Seibert à vouloir tout valider — des discours publics des commissaires aux noms des personnes choisies par le cabinet — conduit à des embouteillages, des retards et démoralise les troupes.
Un autre effet est la peur. Sur les 25 responsables publics, diplomates, parlementaires et experts de l’UE avec lesquels nous nous sommes entretenus dans le cadre de cet article, seuls trois ont accepté de s’exprimer on the record et un seul d’entre eux a émis des critiques. Plusieurs personnes ont invoqué la crainte de représailles professionnelles pour justifier leur volonté de rester anonymes.
D’autres affirment que ses tendances conservatrices allemandes sont trop marquées dans un écosystème déjà majoritairement allemand et conservateur. Ils rappellent que Bjoern Seibert a insisté pour qu’un conservateur allemand soit désigné à un poste d’émissaire de l’UE aux PME, et que cette nomination a suscité de vives réactions politiques.
D’autres encore soulignent son étroite relation de travail avec l’administration de l’ancien président américain Joe Biden, qui, selon eux, est devenue un handicap après l’élection de Donald Trump.
“Il tirait une grande partie de son pouvoir de sa ligne directe avec la Maison-Blanche”, pointe un ancien responsable de la Commission. “Ce n’est plus le cas avec Trump. Tout est à reconstruire.”
Ce qu’un responsable de l’exécutif européen a réfuté, soulignant les contacts réguliers et continus avec la Maison-Blanche.
Un porte-parole de la Commission a refusé de commenter. Bjoern Seibert lui-même a refusé d’être interviewé.
D’autres responsables au Berlaymont ont répondu aux critiques en disant qu’il consacrait du temps pour débattre — s’élevant à des centaines d’heures, selon un décompte partagé avec POLITICO — et que la centralisation avait rendu l’UE bien plus efficace. Les embouteillages et les retards, selon les défenseurs de Bjoern Seibert, sont en partie dus au fait qu’au sein des équipes, certains cherchent à obtenir des informations sur des dossiers pour lesquels un niveau de direction plus élevé n’est pas nécessairement justifié.
Mais cette version est contestée par d’autres qui affirment que seuls Bjoern Seibert et Ursula von der Leyen peuvent être tenus pour responsables d’un système qu’ils ont créé. “Cette Commission est très hiérarchisée et rien ne passe devant Bjoern sans son consentement”, affirme Bas Eickhout, coprésident du groupe des Verts au Parlement européen.


En effet, Bjoern Seibert n’est pas le premier fonctionnaire européen à susciter la peur et la fascination à Bruxelles. Avant lui, il y a eu Martin Selmayr, un autre Allemand qui était sous l’autorité de l’ancien président Jean-Claude Juncker et qui était connu comme le “monstre du Berlaymont”.
Mais la plupart des gens s’accordent à dire que Bjoern Seibert est désormais le personnage le plus redoutable : un Terminator T-1000 en métal liquide impitoyable par rapport au modèle T-800 de l’ancienne génération, plus laconique et imposant, joué par Arnold Schwarzenegger.
“Il est bien plus puissant aujourd’hui que Selmayr ne l’a jamais été”, estime un ancien représentant du gouvernement français.
Tout oublié
Toute personne cherchant à en savoir davantage sur Bjoern Seibert et son histoire personnelle sera déçue : peu d’éléments sur sa jeunesse sont devenus publics et sa page Wikipedia offre autant d’indices qu’une tablette babylonienne cassée.
L’Allemand est quelqu’un de discret mais physiquement imposant : grand, il parle un anglais parfait avec des pointes d’humour pince-sans-rire, on peut l’apercevoir à proximité de sa patronne, baskets aux pieds et pile de dossiers sous le bras. Il est plus discret que Martin Selmayr, mais il a aussi plus de poids : un responsable de la Commission le décrit comme un “tueur silencieux”.
Diplômé en sciences sociales en 2005 de l’université d’Erfurt, dans l’Etat de Thuringe, dans l’est de l’Allemagne, selon la faculté, Bjoern Seibert a ensuite obtenu plusieurs bourses de recherche dans des établissements américains, dont le MIT, principalement dans le domaine de la défense et de la sécurité.
A son retour en Allemagne, il est entré au ministère de la Défense, où il a d’abord travaillé au département politique, selon un ancien collègue, se rappelant qu’il impressionnait en allant à l’encontre de l’orthodoxie de la Bundeswehr. A l’époque, sa capacité à travailler à des horaires inhumains a fait impression et l’a aidé à être promu au cabinet d’Ursula von der Leyen, qui était alors ministre de la Défense.
C’est le début du duo “Bjoern et Ursula” qui va régner sur Bruxelles.
Un épisode de 2019, après qu’Ursula von der Leyen a été choisie par les dirigeants de l’UE pour devenir la cheffe de la Commission, révèle un ingrédient clé de leur relation.
Bjoern Seibert est alors appelé à témoigner devant une commission d’enquête du Parlement allemand qui cherche à savoir comment de juteux contrats du ministère de la Défense, passés lorsque von der Leyen était en poste, ont été attribués à des consultants extérieurs sans contrôle approprié, et si un réseau de relations personnelles informelles a facilité ces transactions.

Au cœur des investigations de la commission se trouve Katrin Suder, une ancienne consultante de McKinsey devenue l’adjointe de von der Leyen chargée du service de l’armement du ministère de la Défense. En 2014, elle avait intégré Bjoern Seibert dans son service, l’avait rapidement promu chef de cabinet, puis recommandé pour faire le même travail auprès de leur patronne commune, Ursula von der Leyen.
Sa prestation devant la commission d’enquête aurait satisfait le plus exigeant des parrains de mafia.
“Seibert déclarait en boucle qu’il ne se souvenait de rien, absolument rien”, selon un compte rendu des médias allemands sur sa prestation de l’époque.
“Sa responsabilité”
La loyauté de Bjoern Seibert a rapidement été à nouveau mise à l’épreuve.
Après qu’Ursula von der Leyen a reçu le feu vert des dirigeants de l’UE pour devenir présidente de la Commission, elle avait besoin d’une majorité des deux tiers au Parlement européen pour être confirmée dans ses fonctions. Normalement, c’est Manfred Weber, un puissant conservateur allemand qui dirige le groupe des partis européens de centre droit, qui était chargé de réunir cette majorité.
Mais Manfred Weber se remettait du fait d’avoir été écarté du poste suprême de l’UE au profit de von der Leyen. La tâche est donc revenue à Seibert qui, malgré son manque d’expérience en tant que stratège politique, a réussi à obtenir une majorité de neuf voix pour sa patronne en sortant du cercle habituel des partis dits “de gouvernement” et en s’adressant aux populistes de droite.
C’est grâce à sa “contribution significative” qu’Ursula von der Leyen a été confirmée, avait affirmé un collègue allemand à l’époque.

Une fois installé à la tête de l’exécutif européen, le duo s’est heurté à un mur de scepticisme. “Lorsque la Commission a démarré, il y a avait beaucoup de scepticisme sur le fait de savoir si von der Leyen et Bjoern seraient en mesure de contrôler l’institution, puisqu’ils n’en connaissaient pas le fonctionnement”, se souvient un ancien responsable français. “Ils ont démenti cela en quelques jours.”
Bjoern Seibert, en particulier, a impressionné ses homologues. “Il était exceptionnellement bien préparé”, poursuit le même. “Il montrait toujours qu’il savait exactement ce qui se passait dans la politique française. Il était clair qu’il s’agissait de quelqu’un en qui on pouvait avoir confiance, mais qui était également porté sur le contrôle et le pouvoir.”
Travaillant en étroite collaboration avec un petit groupe de conseillers essentiellement germanophones, von der Leyen et Seibert ont utilisé la pandémie de Covid-19 pour consolider leur pouvoir.
Lorsque le moment est venu de négocier les contrats de vaccins, ils ont réparti le travail entre plusieurs sections de la Commission, en confiant au commissaire chargé du Marché unique, Thierry Breton, la supervision des chaînes d’approvisionnement.
Mais la négociation des contrats elle-même a été confiée à Sandra Gallina, une haute fonctionnaire de la Commission chargée de la santé. En réalité, selon deux anciens responsables du Berlaymont, ce sont Bjoern Seibert et Ursula von der Leyen qui ont dirigé les négociations, dont le point culminant a été l’annonce par la présidente, en décembre 2020, d’un accord portant sur l’achat de millions de doses à Pfizer-BioNTech. Le New York Times a révélé que ce contrat avait été conclu après un échange de SMS entre von der Leyen et le directeur général de Pfizer.
La Commission nie que ces messages contenaient quoi que ce soit de substantiel concernant les négociations.
Dans le scandale du “Pfizergate” qui s’en est suivi, Ursula von der Leyen a été la cible de critiqués — et condamnée par le Tribunal de l’Union européenne — pour ne pas avoir conservé les messages. Mais, aux yeux des anciens responsables de la Commission, certaines de ces critiques auraient dû être adressées à Bjoern Seibert.
“C’était sa responsabilité”, estime l’un des deux anciens responsables. “Il est à l’origine des erreurs monumentales commises par sa présidente.”
Un porte-parole de la Commission a refusé de commenter.
La loyauté à l’excès
Il a à nouveau été question de loyauté dans les derniers mois du premier mandat de von der Leyen et Seibert.
Alors que l’Allemande préparait sa réélection (avec Seibert comme directeur de campagne), sa décision de nommer un loyal conservateur allemand au poste d’émissaire de l’UE pour les PME a déclenché une révolte au sein de l’exécutif européen.
Quatre commissaires, dont Thierry Breton, ont remis en question la décision de nommer Markus Pieper au détriment de deux femmes qui auraient obtenu de meilleurs résultats lors du processus de sélection.
Deux anciens responsables se souviennent que Bjoern Seibert avait défendu la nomination en interne, affirmant qu’il n’avait “pas de marge de manœuvre” en la matière.
Cet argument n’a pas été bien reçu.
Le duo a dû retirer la nomination de Markus Pieper. Leurs détracteurs ont affirmé que cet épisode soulignait un manque de sens politique, car Bjoern Seibert n’avait pas su anticiper le retour de bâton qui est venu principalement de Thierry Breton, mais aussi de Josep Borrell, alors haut représentant de l’UE aux affaires étrangères, de l’ex-commissaire socialiste luxembourgeois Nicolas Schmit et du commissaire italien à l’Economie, Paolo Gentiloni.
“Le problème est le manque d’expérience en management”, identifie le même ancien responsable. “Cela conduit à une tendance à faire les choses de manière autoritaire.”
Tout passe par Bjoern
Von der Leyen et Seibert ont retenu la leçon.
Au moment de choisir les commissaires après la réélection de l’Allemande en 2024, ils ont évincé le rebelle Thierry Breton et ont rempli le collège de candidats moins expérimentés. Là encore, Bjoern Seibert a été en première ligne, négociant avec les dirigeants politiques du Parlement européen qui devaient approuver les nominations lors des auditions.
Un responsable du Parlement européen décrit Bjoern Seibert comme quelqu’un de “très professionnel”, mais aussi prompt à faire pression lorsque les choses ne vont pas dans son sens. “Je remarque de plus en plus qu’il ne supporte pas bien la contradiction. […] Il n’a pas l’habitude d’être contredit.”
Une fois les auditions terminées, Bjoern Seibert s’est mis au travail en vérifiant les noms des membres du cabinet sur la base de critères de sexe et de nationalité. Chaque commissaire devait envoyer sa liste de candidats au 13e étage, où le chef de cabinet de la présidente approuvait ou rejetait personnellement les noms.

“C’est un aperçu du style Seibert”, résume un responsable de la Commission, soulignant qu’il a été le premier chef de cabinet à voir son nom affiché sur une plaque, juste en dessous du nom de la présidente, devant l’ascenseur du 13e étage du Berlaymont. “Il ne laisse rien au hasard.”
Depuis, la mainmise de Bjoern Seibert sur le pouvoir au sein de la Commission n’a fait que se renforcer. La preuve par l’exemple : la récente restructuration du secrétariat général de l’exécutif européen, planifiée et soumise à approbation en janvier. Le feu vert a été donné trois mois plus tard, non pas en raison d’un quelconque problème, mais parce que Bjoern Seibert n’avait pas encore pu l’examiner.
“Je sais que c’est un type qui ne sait pas déléguer”, ironise un conseiller d’un Premier ministre d’un pays européen, “et que cette incapacité à déléguer et cette obsession de cogouverner la Commission avec Ursula ont provoqué des embouteillages et des frustrations dans les cabinets.”
Avec Washington, c’est le jour et la nuit
Dans d’autres cas, ses détracteurs ont déploré la tendance de Bjoern Seibert à écraser l’opposition.
Un responsable du Parlement européen s’est fait l’écho des inquiétudes concernant le pouvoir de Seibert : “Il est à un tel niveau de pouvoir qu’il parle directement avec les commissaires. Il parle directement avec les responsables politiques. Il oublie un peu quelle est sa place.”
Tout en exerçant son pouvoir à Bruxelles, Bjoern Seibert doit maintenant reconstruire ses relations avec Washington. Identifié comme “l’homme de Biden” en raison de sa relation avec l’ancien conseiller à la sécurité nationale Jake Sullivan, le bras droit de von der Leyen a joué un rôle clé pour bâtir les relations transatlantiques les plus étroites depuis des décennies.
Seibert et Sullivan publiaient des communiqués conjoints et travaillaient en étroite collaboration pour mettre en place des sanctions contre la Russie après l’invasion de l’Ukraine. Quand l’Inflation Reduction Act de Joe Biden a menacé de rompre les liens entre Bruxelles et Washington, c’est la diplomatie en coulisses de Bjoern Seibert avec la Maison-Blanche qui a conduit à une rare conférence de presse conjointe d’Ursula von der Leyen et de Joe Biden dans la roseraie, selon un ancien haut responsable de la Commission.
Mais cette proximité n’a pas aidé Bjoern Seibert sous Donald Trump, qui a refusé de parler à von der Leyen ou à tout autre représentant de l’UE pendant des mois après son élection. Le chef de cabinet de la présidente a récemment accompagné le principal négociateur commercial européen, Maroš Šefčovič, lors de voyages de négociation à Washington, mais toute allusion à l’ancienne relation spéciale semble avoir disparu, alors que l’Europe fait face à une explosion des droits de douane.
La stratégie de la Commission a consisté à avancer prudemment pour éviter d’irriter Trump, en évitant toute action — telle que l’imposition d’une amende à la société X d’Elon Musk pour violation du règlement européen sur les services numériques — qui pourrait susciter un tweet furieux ou des représailles soudaines.

Mais cette stratégie, qui inclut désormais des concessions potentielles de grande envergure sur les règles numériques de l’Europe afin de conclure un accord commercial, sape la souveraineté européenne, selon les critiques qui estiment que l’UE devrait défendre ses règles quel qu’en soit le coût.
“Tout cela, c’est à cause de la peur : la peur d’offenser les Américains”, analyse l’ancien responsable.
Un responsable de la Commission, qui a refusé d’être nommé, souligne ce qu’il appelle les contacts réguliers entre Seibert et les membres de l’administration Trump, ainsi que son engagement personnel, y compris ses voyages à Washington.
A l’image de Bruxelles
Dans l’ensemble, la réputation de Bjoern Seibert est à l’image de la ville dans laquelle il vit : bureaucratique, avide de pouvoir, largement opaque. Elle génère des mythes autour de fonctionnaires puissants qui agissent dans l’ombre, d’abord Selmayr, puis Seibert.
Peu de personnes interrogées dans le cadre de cet article ont exprimé de sérieuses inquiétudes quant à l’influence du bras droit de von der Leyen. Mais il est révélateur qu’une seule personne sur 25 — un parlementaire néerlandais, qui plus est — ait bien voulu faire part de ses critiques on the record.
“Dans ses interactions avec le Parlement, il a toujours été fair-play et tenu ses promesses”, reconnaît Bas Eickhout, l’eurodéputé Vert. “Le seul problème est que cette Commission est très hiérarchisée et que rien ne passe sans avoir reçu le consentement de Bjoern. De ce fait, de nombreux dossiers s’empilent sur son bureau et de nombreux responsables de la Commission ne savent pas quand une décision sera prise.”
Cet article a d’abord été publié par POLITICO en anglais et a été édité en français par Jean-Christophe Catalon.