Ces noms lui ont parfois été transmis par les collectifs de surveillance des influenceurs avec lesquels le cabinet de la ministre échange souvent, à l’instar du collectif Mineurs, éthique et réseaux (Meer). L’objectif : obtenir la suppression de leurs comptes.

Trois plateformes présentes lors de l’échange, dont TikTok, ont du reste indiqué à POLITICO qu’elles commençaient à passer en revue les contenus des comptes signalés par la ministre, sans s’engager à ce stade à les supprimer.

“Les jeunes, parfois très jeunes, ont un accès sans filtre à ces contenus, à des vidéos violentes, à des discours toxiques, à des modèles destructeurs”, a martelé Aurore Bergé lors de sa prise de parole. Sur le fond comme sur la forme, les représentants des plateformes conviés se sont dits pris de court : ils n’avaient pas été informés de la présence des caméras ni du but exact de la réunion, affirment-ils. 

Leurs relais les plus fréquents auprès des autorités, à savoir les organisations désignées signaleurs de confiance par l’Arcom, n’étaient pas présents. Ils ont pourtant pour rôle — comme leur nom l’indique — de signaler aux réseaux sociaux les contenus jugés illicites. “Nous avons appris la tenue de cette réunion parce qu’un journaliste nous a demandé si nous serions présents”, commente l’un d’entre eux, amer, à POLITICO.  

Une méthode musclée avec les plateformes qu’Aurore Bergé assume sans détour dans une réponse écrite à POLITICO : “Je me réjouis qu’elles aient compris que l’Etat les convoquait et leur demandait des comptes. C’est mon rôle et j’entends bien continuer. Pour protéger nos enfants, nos adolescents et notre société”. Et si la régulation du numérique n’est pas incluse dans son portefeuille, la ministre estime être dans son rôle en combattant les discriminations en ligne.

Chappaz et les plateformes prises au dépourvu

Pourtant, le cabinet de la ministre du Numérique, Clara Chappaz, a lui aussi eu du mal à cacher son malaise. La ministre s’est contentée, au cours de la réunion, de rappeler son objectif d’interdire les réseaux sociaux aux moins de quinze ans. “Le cabinet de Chappaz se défend en prétendant être dans l’action et pas dans la déclaration, mais la vérité c’est qu’ils se font marcher dessus”, constate un membre de l’administration auprès de POLITICO. “Les deux ministres s’apprécient et travaillent en complémentarité”, rétorque-t-on du côté du cabinet Bergé.

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