PARIS — Il faudra encore attendre un peu pour connaître le coût financier de l’accord franco-algérien de 1968. La commission des Finances de l’Assemblée nationale devait se pencher mercredi après-midi sur le rapport des députés EPR Charles Rodwell et Mathieu Lefèvre, censé évaluer les conséquences de l’accord bilatéral — en matière de circulation, de santé et d’emploi — sur nos finances publiques.
Or, son examen a mystérieusement disparu de l’agenda de l’Assemblée mardi, a repéré POLITICO. La mise sur pause de la présentation de leur travail, décidée de concert par le duo, n’est en réalité pas la première.
L’examen du rapport devait avoir lieu intialement le 25 juin, puis le 2 juillet. Soit trois jours avant une éventuelle grâce présidentielle de l’écrivain Boualem Sansal, emprisonné en Algérie, et espérée en vain le jour de la fête nationale algérienne par Paris.
Condamné définitivement à cinq ans de prison ferme le 1er juillet par la justice algérienne, et incarcéré depuis novembre 2024, l’auteur franco-algérien ne peut plus espérer qu’un geste du président Abdelmadjid Tebboune pour être libéré.
Les deux élus macronistes avaient réservé l’exclusivité du rapport au Point. Conscients de sa sensibilité et du timing, ils ont finalement décidé de reporter une nouvelle fois sa communication à la rentrée, assurent-il à POLITICO. Fin juin, une proposition de résolution inscrite par Eric Ciotti en séance avait été retirée par le chef de file de l’UDR, pour les mêmes raisons.
Pas de vague vs “soumission”
Le débranchage provisoire du rapport a été concerté avec l’Elysée, dont le pôle diplomatique s’est fait présenter les conclusions, nous ont confirmé trois sources du Palais-Bourbon et du Quai d’Orsay. Le Château continue de demander au gouvernement de la mettre en veilleuse pour éviter une énième escalade, compte tenu du contexte ultratendu entre les deux pays.
Mais le manque de résultats de la diplomatie française commence à faire resurgir les critiques. Mercredi, deux députés RN et UDR ont accusé dans l’hémicycle le gouvernement de “soumission” à Alger.
En réplique, le ministre délégué Laurent Saint-Martin (Commerce extérieur) a soutenu la stratégie française : “Nous n’obligeons personne à garder le silence (…) notre démarche repose sur l’intelligence collective : la diplomatie doit pouvoir travailler le plus efficacement possible au service de tous nos compatriotes.”
“Il y a une forme d’abstention sur l’Algérie pour faire en sorte qu’il n’y ait pas de mauvaises interprétations et qu’on crée un climat aussi apaisé que possible”, corrobore un diplomate en poste au Maghreb.