Tout cela fait partie d’un schéma dans lequel elle et un cercle restreint de conseillers essentiellement allemands dirigent les opérations, en évitant largement le contrôle du Parlement européen et en gardant la mainmise sur tous les messages et toutes les communications.
La pneumonie de von der Leyen en janvier a fourni un exemple frappant de la façon dont les choses fonctionnent désormais. Son équipe de communication a délibérément dissimulé le fait qu’une grande dirigeante mondiale était hospitalisée, tandis que l’Allemande elle-même n’a pas cédé le contrôle de l’exécutif européen à son numéro 2. Cela signifie également qu’une réunion des 27 commissaires n’a pas pu se tenir en Pologne sans elle.
Cette culture du secret existait déjà au cours de son premier mandat, notamment lorsqu’elle a refusé de révéler les SMS qu’elle avait échangés avec le patron de Pfizer, négociant personnellement les contrats de vaccination pendant le Covid. Ce refus a suscité de vives critiques de la part du médiateur européen, qui a déclaré que l’équipe de von der Leyen s’était rendue coupable de “mauvaise administration”.
La présidente a non seulement balayé d’un revers de la main les conclusions du médiateur, mais elle a en plus limité officiellement l’accès à certains types de documents — une décision contre laquelle l’ONG environnementale ClientEarth a engagé une procédure. Consolidant son emprise sur l’image publique de la Commission, von der Leyen a également réduit le nombre de porte-parole de l’institution.
“On constate une évolution vers un système présidentiel, et encore plus […] sous von der Leyen”, analyse Karel Lannoo, directeur général du Centre for European Policy Studies, un think tank.
Son style de management vertical a eu des conséquences concrètes. Les grandes politiques viennent directement du sommet, et Bruxelles a été largement pris au dépourvu par sa décision soudaine de tailler dans les réglementations de l’Union. Cette façon de procéder implique aussi que, sans elle, les choses s’arrêtent : ainsi, la présentation du plan phare de l’UE pour redresser l’économie, baptisé “boussole pour la compétitivité”, a été retardée en raison de l’absence de l’Allemande.