Mais inévitablement, l’ombre du président américain Donald Trump plane. Le transfert de Pablo Hernández de Cos à la BCE pourrait coûter à l’Europe le leadership de la BRI. Etant donné que l’Europe perd de son importance dans l’économie mondiale, le président américain pourrait persuader d’autres que — entre le FMI, le CBCB et le Conseil de stabilité financière déjà dirigés par des Européens — le Vieux Continent a plus que sa juste part.
Bien qu’elle ne soit pas puissante, la BRI est une institution très prestigieuse qui fournit une vue d’ensemble unique des flux financiers mondiaux. Deux personnes au fait des réflexions de la BCE ont confié à POLITICO que ses dirigeants actuels s’inquiètent du risque de perdre une place traditionnellement occupée par un Européen.
Le moment allemand
Beaucoup dépendra de l’Allemagne qui, comme l’Espagne, n’a jamais occupé la présidence de la BCE. Le gouvernement allemand se fera une opinion “en temps voulu” et s’abstiendra de spéculer à ce stade, a déclaré un porte-parole.
Ses précédents candidats, Axel Weber et Jens Weidmann, ont tous deux été victimes de leur foi inébranlable dans l’orthodoxie monétaire conservatrice, même en temps de crise. Mais aujourd’hui, après le pire choc inflationniste qu’ait connu l’Europe depuis plus d’un demi-siècle, le climat semble beaucoup plus propice à l’arrivée d’un dirigeant plus “faucon” (le camp favorable à une politique monétaire restrictive, dans le jargon des banquiers centraux, par opposition aux “colombes”, qui défendent une ligne plus souple).
En tant qu’actuel président de la Bundesbank, la banque centrale allemande, Joachim Nagel serait le choix évident. Plus modéré que Weber ou Weidmann, le profil de Nagel pourrait être plus acceptable pour les autres Etats membres. Cependant, celui-ci — membre du SPD, deuxième parti au sein de la coalition allemande au pouvoir — a plus d’une fois marché sur les plates-bandes du chancelier Friedrich Merz, par exemple récemment, lorsqu’il a exprimé son soutien à l’émission d’emprunts communs au niveau européen pour financer des projets de défense.
Comme Hernández de Cos, Nagel pourrait également avoir de la concurrence au sein de son propre pays. L’ancien chef économiste d’Angela Merkel, Lars-Hendrik Röller, qui pèse toujours dans les milieux politiques berlinois, a suggéré le nom de Jörg Kukies, ex-ministre des Finances sous Olaf Scholz.

