Ses deux derniers livres portent sur les tyrans et les autocrates, et les présidents et ministres de toute l’Europe les ont dévorés dans l’espoir d’apprendre à survivre dans le monde hostile de la géopolitique.
Emmanuel Macron appelle da Empoli par son prénom et le cite dans ses discours. La Première ministre danoise, Mette Frederiksen, qui a passé une grande partie de l’année à se disputer avec Donald Trump au sujet de ses menaces sur le Groenland, a une ligne directe avec cet Italo-Suisse flegmatique.
Dans un élégant salon donnant sur le jardin du siège parisien de sa maison d’édition Gallimard, Giuliano da Empoli admet auprès de POLITICO que, comme Machiavel, il aime être “celui qui est dans la pièce, dans le lieu où les décisions sont prises et où les choses se passent, mais qui reste un peu à l’écart”.
Alors que Machiavel a conçu Le Prince comme un guide de realpolitik pour l’homme d’Etat florentin Laurent de Médicis, da Empoli se considère également comme un conseiller pour les dirigeants de son époque, en échange de l’accès à des sujets de haut niveau.
“Pour moi, c’est un moyen d’obtenir de la matière pour alimenter mes écrits. Pour eux, c’est aussi un moyen d’avoir un point de vue différent de ceux des conseillers professionnels ou des autres personnes avec qui ils parlent”, explique-t-il.
Machiavel et da Empoli ont, il est vrai, des raisons différentes de prendre la plume. Le Florentin a écrit son chef-d’œuvre pour tenter de regagner les faveurs et un rôle politique auprès de la famille Médicis, sur les ordres de laquelle il avait été torturé. Da Empoli a insisté sur le fait qu’il était plus heureux en tant qu’écrivain, en restant un observateur. Assez ironiquement, il confie avoir été rebuté par le caractère impitoyable de la politique qu’il avait découvert à ses débuts.