“Nous constatons un intérêt sans précédent, motivé par la dure réalité du paysage sécuritaire”, observe Line Tresselt, partner et directrice du service défense et sécurité chez Rud Pedersen, un cabinet d’affaires publiques qui conseille le secteur de la défense depuis deux décennies.
Traditionnellement, les gouvernements nationaux sont de loin ceux qui dépensent le plus dans le domaine militaire. Ainsi, il était logique de concentrer les efforts de lobbying sur eux.
L’enjeu est une bonne vieille bataille pour les financements : les fabricants d’armes européens veulent s’assurer que l’argent de l’UE va aux entreprises locales, mais leurs concurrents étrangers veulent aussi une part du gâteau.
“C’est plus qu’une réponse à l’invasion de l’Ukraine : avec l’EDIP [le programme européen pour l’industrie de la défense, doté de 1,5 milliard d’euros, NDLR], mais aussi le Fonds européen de la défense, le prochain livre blanc de l’UE sur la défense, le nouveau commissaire à la Défense, couplé à l’évolution de la position de l’Otan… il y a une augmentation massive des politiques publiques élaborées par l’UE pour le secteur”, souligne Tresselt.
Tout le monde veut sa part
Les 10 principales entreprises européennes de défense — Airbus, Leonardo, Thales, Rheinmetall, Naval, Saab, Safran, KNDS Deutschland, Dassault et Fincantieri — doivent déclarer leurs activités de lobbying dans les pays membres au registre de transparence de l’UE. Les archives de la base de données LobbyFacts, alimentée par des ONG, permettent également une comparaison avec les précédentes déclarations, de début 2022 et début 2023.
En 2022, les dépenses cumulées des 10 premières se situaient entre 3,95 et 5,1 millions d’euros ; en 2023, elles étaient entre 5,5 et 6,7 millions d’euros. Si on ne prend que la fourchette basse, cela équivaut à une augmentation de 40% en une seule année.